Alain Juppé était de passage à Perpignan ce jeudi 6 juillet. Il a rencontré le président de la communauté urbaine de Perpignan, Jean-Marc Pujol, puis les acteurs économiques des P.O. le président de l’Agence de développement économique, Laurent Gauze, des maires des P.O., avant de se rendre à Saint-Cyprien pour une table ronde sur le tourisme. « Cette visite dans les P.O., c’est presque la fin d’une première phase de campagne, a t-il indiqué.
Partout, ici comme ailleurs, j’ai écouté, engrangé, entendu beaucoup de questions. On commence la 2ème phase en août pour tenter de remporter les primaires. Je veux rassembler largement pour cela ». Entouré lors de cette journée par son référent local, Romain Grau, 1er adjoint à la mairie de Perpignan et conseiller départemental, la conseillère départementale et municipale Isabelle de Noëll-Marchesan, Gilles Foxonet et Thierry Del Poso, les maires de Baixas et de Saint-Cyprien, il a accordé, avant de tenir un meeting à la salle Al Sol à Perpignan devant tous les responsables politiques des Républicains, un rapide point de presse avec des journalistes. Le temps de répondre à quelques questions.
La Semaine du Roussillon : On constate en France, comme à l’étranger, en Espagne, en Italie, en Grèce, un manque croissant de crédibilité des politiques, des partis politiques. On assiste au développement des populismes et au rejet des partis traditionnels. Comment pensez vous répondre à cela ?
Alain Juppé : « On voit effectivement la montée des populisme et pas qu’en France comme vous le signalez. Le Brexit va peut-être permettre de réduire cela. Le populisme, c’est dire aux gens ce qu’ils veulent entendre. C’est ce que l’on a fait ici aussi. On promet des choses aux gens et on ne les applique pas une fois élu. Il faut réagir par rapport à cela. Il faut faire ce que l’on dit. Si j’ai la confiance des Bordelais, c’est pour cela. Je veux annoncer la couleur aux Français, avec des mesures précises qui seront annoncées pendant la campagne. Je veux dire où je veux aller et comment. Ce sera clair. Les Français diront oui ou non. Mais si je suis élu, j’appliquerai cela immédiatement. Je veux être prêt pour mettre les mesures annoncées en œuvre immédiatement dans les six mois après les élections. Il faut aussi des ministres qui dirigent réellement les administrations et pas le contraire comme cela se passe trop souvent. Je ne ferais d’ailleurs qu’un mandat et j’éviterais ainsi les contraintes liées à un besoin de réélection. Les premières mesures concerneront le chômage des jeunes, le renforcement de l’autorité de l’Etat, des mesures pour les entreprises.
Je suis fondamentalement optimiste sur l’avenir de la France, à cause de la beauté de ses territoires, ses richesses, et surtout ses ressources humaines. Nous avons beaucoup d’atouts, des hommes et des femmes de qualité que l’on s’arrache d’ailleurs à l’étranger. Il faut faire en sorte qu’ils restent ou reviennent travailler ici ».
On voit pourtant depuis des années, notre pays se désindustrialiser, perdre des emplois. C’est une tendance lourde. Que pensez vous faire pour cela ? Il y a aussi des pertes d’emplois qui sont générées par les travailleurs détachés et Bruxelles s’oppose là-dessus à Paris et Berlin qui veulent des règles homogènes…
« C’est vrai que notre pays se désindustrialise. L’industrie ne représente plus que 12 % de notre économie, c’est le double en Allemagne, et c’est plus important aussi au Royaume-Uni. On a perdu de la compétitivité. On a des secteurs qui fonctionnent, l’aéronautique, l’agriculture même si sa part diminue. Il faut développer ces secteurs pour relancer l’emploi. Et donc réduire les charges qui pèsent sur les entreprises. On a un impôt sur les sociétés à 38 %, l’Angletterre annonce 15 %. On a besoin de réduire les dépenses de l’Etat pour réduire les charges sur les entreprises. L’Etat peut aider, à travers des mesures dont certaines existent et fonctionnent comme le crédit impôt recherche. Il faut aller plus loin.
Quand au travail détaché, il faut changer cela. Actuellement, c’est du dumping. Il faut aussi savoir dire non à Bruxelles. Mais pour cela, il faut un Etat fort ».
On parle de la rupture numérique qui va entrainer beaucoup de perte d’emplois et qui va supprimer aussi des moyens à l’Etat…
« Oui, mais cela peut aussi créer de nouveaux emplois. Il faut aussi que l’Etat se numérise. Il y a des administrations comme les services fiscaux qui permettent les déclarations d’impôts par internet , qui ont avancé. Il y a aussi beaucoup d’administrations qui sont en retard sur le numérique. (…) Il faut rééquilibrer aussi parfois, comme pour Airbnb. Ce n’est pas normal que les taxes de séjours ne soient pas recouvrées, que les impôts ne soient pas payés, cela créé de la concurrence déloyale ».